Je me rappelle de cette séance comme si c’était hier : ce vendredi où ce déclic, cette prise de conscience, ce moment qui, je pense, m’a fait passer un cap.
On est au mois de novembre, dix jours avant le Semi de Boubou, un peu moins d’un mois après un 10K à Vélizy, tourné en 35’04″. On est dans la période que j’aime bien, un bloc dans lequel le coach nous met beaucoup de volume et en même temps nous maintient du travail à des allures plus rapides.Les dimanches se suivent et se ressemblent : 20’/15’/10’ par ci, 10’/20’/20’/5’/10’ par là, 22kms par ci, 26kms par là.
Les autres séances n’échappent pas à la règle et les semaines se chargent en bornes passées à courir.
Ce jour là, la séance est de celles qui me font mal avant même d’avoir commencé : 3×12’ r2’.
Comme toujours, je fais la séance 1000 fois dans ma tête le jour J entre le réveil et le moment où j’enfile mes chaussures.
L’allure que je me fixe : 3’38″, allure cible pour la course.
Le premier bloc commence, je tourne et je passe mon temps les yeux rivés sur ma montre : « fais gaffe, t’emballe pas, tu vas sauter, tu vas sauter sinon ».
Et puis, après 5 min, j’ai débranché le cerveau, levé les yeux et surtout j’ai arrêté de regarder cet écran qui m’indiquait que mon allure moyenne était de 3’39″ et je boucle les premières 12’ en 3’34″.
Ça s’est finalement mieux passé que prévu.
Avec le même détachement par rapport à la montre, le second bloc se termine à une allure moyenne de 3’23″ et le dernier en 3’21″.
Et si finalement j’avais tellement peur du pop-corn que je bridais mon allure ? Et si finalement ma montre limitait mes performances ?
Le dimanche suivant, j’ai tourné la séance entière avec deux potes dont d’habitude je ne vois que le dos (ils étaient en contrôle sur la séance, j’ai du m’employer un peu plus quand même, hein !), et toujours sans regarder la montre. C’était un 4x(2’/1′-3/1’30 »-1’/2′) / 8′ avec le 8’ tourné en 3’24″.
Alors le jour du semi, sans trop savoir de quoi j’étais capable, j’ai opté pour la stratégie suivante : « 3’36″ sur les 5 premiers kilos et après on voit ». Résultat, je n’ai regardé la montre qu’aux kms 1, 2, 10 et 20 en courant simplement aux sensations et j’ai bouclé la course en 1h14’25″, soit une allure de 3’31″ et avec 3’ de moins sur mon précédent RP, deux ans avant au même endroit.
Je suis certain que le vendredi du 3×12’, il s’est passé quelque chose.
J’aurais aimé pouvoir vérifier cette hypothèse dans la foulée, dans les séances suivantes.
Mais comme je kiffe les ascenseurs émotionnels, sur le footing du lendemain, je me suis fait une grosse entorse à la cheville qui m’a tenu éloigné de mes Saucony pendant 6 semaines.
J’ai repris hier, et j’espère pouvoir reprendre le fil de mon expérimentation très vite.
Genial ! Sans être un pro du running ça m’a rappelé la fois où courant en forêt, j’ai débranché mes écouteurs pour être à l’écoute de mon corps et de l’environnement, de vivre l’expérience du moment présent, j’en garde un très bon souvenir que tu m’a rappelé ici. Toi c’était ta montre, moi la musique.